Nissaf Ben Alaya: il faut mettre en place un système de préparation à la prévention contre les crises sanitaires


Dans le cadre de la Conférence Internationale sur la Santé Publique (CPHIA), la porte-parole du ministère de la Santé, Nissaf Ben Alaya, est revenue sur la crise de la COVID-19 qui a frappé le monde entier. Elle a mis en lumière les enseignements tirés de cette crise et les mécanismes que les pays du continent africain devraient adopter.

- Quels sont les effets de la crise de la COVID-19 en Tunisie et en Afrique en général ?

La COVID-19 a eu des effets directs et indirects sur les systèmes de santé, non seulement en Tunisie, mais aussi à travers toute l'Afrique. De nombreux services de santé essentiels ont été gravement perturbés, parfois sur de longues périodes. Ces bouleversements ont compromis la lutte contre les principales maladies mortelles ainsi que les programmes de dépistage. La pandémie a montré à quel point les systèmes de santé africains ont été fragilisés et a révélé l'urgence de mettre en place des interventions pour relancer ces programmes et renforcer les systèmes de santé.

- Après chaque crise sanitaire, il y a des leçons à tirer. Dans le cas de cette pandémie, qu'avons-nous appris ?

Cette pandémie nous a apporté plusieurs enseignements. Le premier est l’importance de créer un mécanisme de coordination intersectorielle solide, doté de toutes les prérogatives nécessaires pour guider les prises de décisions. Il est également essentiel de renforcer le rôle de l'OMS en matière de coordination internationale.

Un autre point important concerne l'inégalité d'accès aux soins et aux vaccins, particulièrement pour le continent africain, qui a été le dernier à bénéficier de la vaccination. L’Afrique doit se doter de ses propres moyens pour répondre de manière efficace aux crises sanitaires futures.

Il est également crucial d'améliorer le partage d’informations et de données en temps réel. Nous avons constaté un retard significatif dans l’identification de l’épidémie. Il est impératif de changer notre attitude envers le partage de l’information afin que tous les pays puissent répondre rapidement et efficacement à une pandémie.

L'autre enjeu a été la désinformation qui a accompagné la pandémie. Les scientifiques ont eu du mal à convaincre les populations concernant le virus, les protocoles sanitaires et les mesures de prévention. Nous devons mettre en place des mécanismes robustes pour lutter contre la désinformation.

Enfin, il est nécessaire de renforcer nos capacités de diagnostic, de traitement et de prévention pour être mieux préparés à l'avenir.

- Comment peut-on se préparer à faire face à de futures crises sanitaires ?

Il est indispensable de mettre en place un système de prévention contre les crises sanitaires. Nous devons investir dans la sécurité sanitaire, notamment dans les infrastructures de prévention. Cela inclut le renforcement des ressources humaines, le développement de structures compétentes, et l’acquisition de moyens de dépistage efficaces pour gérer une crise de manière plus fluide.

L'Afrique ne doit plus être stigmatisée. Les décideurs doivent soutenir les instituts nationaux de santé publique ainsi que les structures locales, leur fournir les moyens nécessaires et allouer des budgets spécifiques à la gestion des crises, en laissant de côté les conflits politiques."

- La Tunisie est-elle prête à affronter une autre pandémie ?

Aucun pays dans le monde n'était préparé pour faire face à la pandémie de coronavirus. Pour la Tunisie, il est primordial de renforcer les programmes de prévention, d'évaluer les points forts et faibles de la gestion de la COVID-19, et de développer un réseau de laboratoires capables de tester efficacement tout pathogène. En outre, il est essentiel de garantir l'accès aux vaccins, de promouvoir la production locale de médicaments, autant de points que nous avons déjà abordés lors de ce séminaire.