Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (GBF) est le plan directeur de l'humanité pour stopper et inverser la perte de biodiversité, a souligné Astrid Schomaker, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB) lors de la COP16 qui a eu lieu du 16 au 18 octobre à Cali en Colombie. Le délégué de la Tanzanie a ensuite rappelé que la biodiversité est « la vie, les moyens de subsistance et la pierre angulaire de l'économie ». L'adoption du GBF en 2022, comprenant un ensemble de quatre objectifs pour 2050 et 23 cibles pour 2030, a marqué un jalon pour la gouvernance mondiale de la biodiversité vers la vision de vivre en harmonie avec la nature d'ici 2050. Cependant, la réalisation de ses objectifs et cibles dépend de l'action nationale. L'adoption de cibles nationales et la mise à jour des stratégies et plans d'action nationaux pour la biodiversité (NBSAP) constituent la première étape vers la mise en œuvre.
Selon l'outil de rapport en ligne de la Convention, à ce jour, 94 parties ont soumis leurs cibles nationales et 29 ont soumis leurs NBSAP mises à jour, avec des chiffres en constante augmentation. Les délégués ont fait état de leurs processus nationaux et de leurs efforts pour mettre en œuvre le GBF en adoptant des approches gouvernementales et sociétales globales. Ils ont également souligné l'utilité d'une série d'ateliers et de dialogues régionaux et sous-régionaux sur les NBSAP, organisés par le Secrétariat de la CDB en collaboration avec divers partenaires. Dans le même temps, les parties ont mis en avant les défis rencontrés dans l'élaboration de leurs cibles et stratégies de biodiversité. Beaucoup ont insisté sur la nécessité de ressources financières et de renforcement des capacités, ainsi que sur le transfert de technologies, et la collaboration technique et scientifique.
Les délégués ont particulièrement souligné les lacunes en matière de données et les défis liés à l'élaboration d'indicateurs et à la capacité de suivi, notamment pour évaluer la contribution des actions nationales à la réalisation des objectifs mondiaux. Ils ont également mis en avant les liens entre le développement et la mise en œuvre des NBSAP dans les pays en développement d'une part, et la mise en œuvre des engagements financiers par les pays développés d'autre part.
Assurer que les objectifs mondiaux en matière de biodiversité soient effectivement mis en œuvre sur le terrain nécessite une gamme diversifiée de mesures, d'outils et d'approches. C'était le thème central du forum pilote ouvert pour l'examen volontaire de la mise en œuvre par les pays, tenu lors de la cinquième réunion de l'Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI 5). Le forum a offert un cadre ouvert et informel pour permettre aux participants d’échanger des points de vue sur l’élaboration de cibles nationales et de stratégies et plans d'action pour la biodiversité (NBSAP).
Trois domaines clés ont été mis-en-avant lors de cet événement:
- Approches gouvernementales et sociétales globales : Les discussions ont porté sur l'intégration des protocoles et autres accords environnementaux multilatéraux dans les NBSAP mises à jour.
- Définition et suivi des cibles nationales : Les participants ont exploré les meilleures pratiques pour définir et suivre les cibles nationales de biodiversité.
- Moyens de mise en œuvre : Cette session a couvert la planification nationale de financement de la biodiversité, le renforcement des capacités et la planification du développement.
Chaque session a comporté des contributions de panélistes et des discussions ouvertes, où les meilleures pratiques et les leçons tirées des processus nationaux ont été partagées.
Les discussions clés ont mis en lumière les opportunités et les défis pour assurer une participation significative. Cela a inclus l’exploration de formats possibles, d’incitations, ainsi que la prise en compte des exigences de langue et de temps. La cartographie des parties prenantes a été largement reconnue comme une étape précieuse dans l'élaboration des cibles nationales et des NBSAP. Les délégués ont souligné l'importance de la société civile pour relier les communautés locales et les agences gouvernementales, en veillant à ce que les communautés locales ne soient pas seulement consultées mais incluses dans les processus de prise de décision. Une attention particulière a été accordée aux droits et aux besoins des femmes et des peuples autochtones, notamment en ce qui concerne la reconnaissance légale des territoires et la titrisation des terres.
La coordination interinstitutionnelle et l'engagement intersectoriel ont été identifiés comme essentiels pour développer des cibles réalisables alignées à la fois sur les engagements internationaux et sur les réalités nationales. Les délégués ont insisté sur la nécessité de structures de gestion appropriées pour assurer la synergie et faciliter l'implication de tous les secteurs concernés du gouvernement et de la société. Des pratiques et des outils traditionnels et innovants pour renforcer les capacités et sécuriser les ressources financières pour la planification de la biodiversité ont également été partagés.
Cet événement a souligné l'importance des efforts collaboratifs et des approches inclusives pour traduire les objectifs mondiaux en matière de biodiversité en plans concrets et efficaces au niveau national.