Alors que Bakou accueille les dirigeants mondiaux pour discuter des stratégies contre le changement climatique, la réalité dépasse les discours et les protocoles. Nous approchons de 2025, et les signaux d’alerte climatique s’invitent déjà dans nos vies, perturbant nos sociétés et menaçant notre avenir. L’heure n’est plus à la sensibilisation, mais à l’action. Les incendies dévastateurs en Espagne, survenus en octobre, en sont une illustration frappante : destruction de terres irriguées, pertes massives de récoltes agricoles, et populations désespérées.
Ces événements rappellent à quel point l’équilibre climatique est fragile. Si un tel drame survenait en Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, les conséquences seraient irréparables. Ce scénario hypothétique, mais plausible, donnerait lieu à une tragédie en temps réel, exposant des milliers de personnes à la dure réalité de la crise climatique.
Des experts comme Dr Johan Rockström, directeur de l’Institut de Recherche sur l’Environnement de Stockholm, alertent depuis longtemps sur la nécessité d’une gestion durable de l’eau et des pratiques agricoles. Son rapport de 2023 met en lumière l’intensification des sécheresses et des incendies, qui fragilisent davantage les systèmes agricoles. Selon une étude de l’Université de Barcelone, l’Espagne pourrait perdre jusqu’à 40 % de ses réserves d’eau d’ici 2050, exacerbant les tensions sur l’accès à cette ressource vitale.
La situation est similaire dans d’autres régions du monde. Le rapport annuel du Global Water Partnership estime que d’ici 2050, près de deux milliards de personnes vivront dans des zones soumises à un stress hydrique sévère. Ces pénuries affecteront directement l’agriculture : pertes massives de récoltes, insécurité alimentaire, migrations forcées et multiplication des conflits liés aux ressources naturelles.
La prédiction de l’avenir : une crise de l’eau irréversible
Si nous ne prenons pas de mesures immédiates, il est fort à parier que d'ici 2030, nous serons témoins d’une aggravation irréversible des crises agricoles et hydriques. Les Nations Unies prévoient que d'ici 2050, jusqu'à 25% de la population mondiale pourrait être touchée par des pénuries alimentaires dues aux changements climatiques. Les régions comme l'Asie centrale, l'Afrique du Nord, et le Moyen-Orient seront particulièrement vulnérables à la réduction des eaux disponibles pour l'agriculture. En effet, des pays comme le Pakistan, l'Iran et le Yémen, déjà en crise, risquent de voir leurs capacités agricoles se réduire de manière drastique, alimentant la faim et les déplacements forcés.
De plus, les pratiques agricoles non durables, qui continuent de dominer dans de nombreuses régions, exacerbent encore la situation. L’agriculture intensive – notamment l’utilisation excessive d’engrais chimiques et la surexploitation des sols – est responsable d’une grande partie de cette crise. En Asie, des chercheurs comme Dr. Xinyu Zhao, directeur du Centre de Recherche sur la Sécurité Alimentaire à l’Université de Pékin, préviennent que ces pratiques pourraient mener à l'épuisement de 50% des terres arables d'ici 2050 si aucune mesure corrective n’est prise.
Ce qui se joue aujourd’hui n’est rien de moins qu'une course contre la montre. Si l’on poursuit sur cette trajectoire, l’agriculture mondiale risque d’être incapable de nourrir une population mondiale croissante, de plus en plus affamée. Nous pourrions assister à l'effondrement des économies rurales, avec un impact direct sur la stabilité sociale et politique de pays entiers.
Solutions durables : des exemples inspirants
Pour éviter ce scénario catastrophique, il existe une alternative. L’agroécologie, combinée à une gestion durable de l’eau, est une solution viable. Des exemples à travers le monde montrent qu'il est possible d'inverser la tendance. Au Mexique, des initiatives locales de gestion de l'eau, comme celles menées par le Consejo Civil Mexicano para la Silvicultura Sostenible, ont permis de restaurer des zones rurales dégradées tout en améliorant l'accès à l’eau pour l’irrigation. En France, la Commission Internationale de l'Irrigation et du Drainage travaille sur des projets innovants de réutilisation des eaux usées pour l’agriculture, réduisant ainsi la pression sur les ressources naturelles.
La nécessité de réformer nos pratiques agricoles est plus urgente que jamais. Mais cela exige un changement radical dans notre approche de l’eau, tant au niveau politique qu’individuel. La gestion de l’eau doit devenir une priorité mondiale, et des pactes comme celui soutenu par l’ONU-Eau et le Global Water Partnership sont des étapes cruciales vers un avenir plus résilient.
La COP 29 : un point de bascule
Si les leaders mondiaux n’agissent pas à Bakou, l’humanité pourrait se retrouver face à une crise de l’eau et de l’agriculture si importante qu’elle remettra en question la capacité des gouvernements à maintenir la stabilité économique et sociale. Ce n'est plus une question de réchauffement de la planète, mais de survie.
La COP 29 doit être l'événement où les décisions les plus fermes et les plus audacieuses sont prises pour éviter que des catastrophes similaires à celles vécues en Espagne ne se multiplient partout dans le monde. Les générations futures comptent sur l'action d'aujourd'hui pour un avenir alimentaire et hydrique durable.