Bien que l'eau soit une ressource indispensable à la vie et aux solutions énergétiques propres, elle fait face à une menace grave due à l'élévation des températures mondiales, aux changements dans les régimes de précipitations et à d'autres pressions climatiques. Alors que le monde s'efforce d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, l'intégration de l'eau dans les stratégies climatiques devient une priorité urgente. Ce sujet a été au cœur d'un événement de haut niveau précédant le Dialogue de Bakou sur l'eau pour l'action climatique, où des parties prenantes clés se sont réunies pour explorer des solutions collaboratives visant à atténuer les effets du changement climatique et à s'y adapter en lien avec l'eau. L’événement a été modéré par Khurshid Rustamov, du bureau du Coordonnateur résident des Nations Unies en Azerbaïdjan.
La séance a été ouverte par Kamala Huseynli-Abishova, point focal pour l'eau et l'action climatique dans le cadre de la présidence de la COP29. Elle a décrit le Dialogue de Bakou comme une "invitation à la continuité et à la participation" pour exploiter le potentiel de l'eau en vue d’un impact transversal, notamment pour les Objectifs de développement durable (ODD). Elle a souligné : "Les défis liés à l'eau sont également des solutions liées à l'eau", insistant sur son rôle fondamental dans l'adaptation climatique et l'atténuation de ses impacts.
Stefan Uhlenbrook, de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), a présenté les conclusions du rapport "État des ressources mondiales en eau 2023", révélant que 2023 a été l'année la plus sèche pour les rivières mondiales au cours des trois dernières décennies. Il a insisté sur la nécessité d'une attention mondiale urgente face au déséquilibre des cycles hydrologiques.
De son côté, Nicolas Frank, représentant de l’OMM et du groupe d’experts des Nations Unies sur l’eau et le changement climatique, a partagé une analyse des Nations Unies sur l'eau pour l'atténuation du changement climatique. Il a affirmé que la compréhension de la disponibilité en eau pouvait orienter les décisions relatives à l'atténuation, soulignant l'importance centrale de l'eau pour atteindre les objectifs climatiques de l'Accord de Paris. Diana Kopansky, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a quant à elle mis en avant l’importance des écosystèmes d’eau douce dans la limitation du réchauffement climatique, plaidant pour une approche intégrée de gestion des ressources en eau (GIRE) et pour la protection des écosystèmes grâce à des projets de restauration.
Sonia Kopel, de la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies (CEE-ONU), a mis en lumière la nature transfrontalière des ressources en eau et leur faible représentation dans les Plans nationaux d'adaptation (PNA) et les Contributions déterminées au niveau national (CDN). Elle a exhorté les États à inclure le partage de données et des consultations inclusives avec les parties prenantes dans leurs plans climatiques.
Perspectives internationales : Eau et politique climatique
Lors de la deuxième partie de l’événement, des experts internationaux et des représentants gouvernementaux ont appelé à un changement radical dans la manière de valoriser et de gérer l’eau. Wampie Libon, du ministère néerlandais des Affaires étrangères, a souligné l’urgence d’un tel changement, préconisant de placer l’eau au centre des politiques climatiques. Elle a noté que si de nombreux pays incluent l’eau dans leurs plans nationaux, ces engagements manquent souvent de financement, ce qui entrave leur mise en œuvre.
Ruth Davis, du ministère britannique des Affaires étrangères, a mis en avant le rôle fondamental de l’eau dans la santé des écosystèmes et son impact sur les préoccupations des populations, appelant à une action coordonnée au sein du système onusien et des conventions internationales.
Rakotomavo Zo Andrianina, des services météorologiques et hydrologiques nationaux de Madagascar, a partagé les défis auxquels son pays est confronté en raison des changements dans les régimes de précipitations et des cyclones. Il a insisté sur l’amélioration des cadres institutionnels et la mise en œuvre communautaire de stratégies climatiques inclusives axées sur l’eau.
Henk Ovink, directeur exécutif de la Commission mondiale sur l’économie de l’eau, a proposé de traiter l’eau comme un bien public mondial et d’intégrer les ressources en eau douce et océaniques dans les plans climatiques. Il a également insisté sur l’importance des partenariats et des approches transformatrices pour stabiliser les cycles mondiaux de l’eau et restaurer les écosystèmes.
Pour conclure, Ingrid Timboe, de l’Alliance pour l’adaptation globale de l’eau (AGWA), a souligné une observation marquante : "Le climat, c’est l’eau". Elle a présenté l’outil de suivi de la résilience de l’eau d’AGWA, un instrument diagnostique visant à aider les pays à élaborer des stratégies climatiques nationales efficaces.
L’événement s’est terminé par des appels du public à renforcer la collaboration avec le secteur privé et à adopter une approche holistique pour traiter le rôle de l’eau dans l’atténuation et l’adaptation. Les participants ont réaffirmé la nécessité de disposer de données fiables, d’une volonté politique et de financements pour faire de l’eau un moteur d’action climatique à l’échelle mondiale.
Alors que le "Dialogue de Bakou" prend de l’élan, il réaffirme que relever les défis climatiques nécessite l’adoption de solutions axées sur l’eau et la garantie d’un avenir résilient pour tous.