On a tendance à dire dans une armée "il y a les gradés et les autres", c'est à dire les sous-officiers et les pauvres soldats qui sont les premiers à être au front et les derniers dans les rangs. Dans notre système sanitaire, il y a les médecins et les autres.
Un de mes amis, cadre dans le domaine de la santé, m’a rapporté l’impression d’un groupe de Canadiens qui était en visite de travail en Tunisie, dans le cadre d’un projet avec le centre national de formation pédagogique des cadres de la santé, et qui après une visite au Ministère a rétorqué : "Mais c’est le Ministère des médecins parceque dans les postes de décisions et de gestion des affaires de la santé, il n' y a pas de places aux autres, à part les médecins". Les lois sont ainsi, faites comme suit:
- Des écoles supérieures des sciences et des techniques de la santé, destinées à la formation des paramédicaux et qui sont dirigées par des médecins, avec des responsables des départements issus de différentes spécialités qui sont à l'origine des médecins ;
- Des écoles de formation des infirmiers qui sont confiées à des médecins ;
- Des directions générales de la santé attribuées à des médecins ;
- Le service d’inspection des filières de la santé sont l’apanage des médecins.
Et même, dans nos hôpitaux, aucun service y compris service de gestion des soins n’est confié à un paramédical. Il s'agit d'un ensemble de lois qui ont été élaborées sur mesure, alors que le nombre des paramédicaux dépasse de loin celui des médecins et le besoin y est. Ces paramédicaux ont besoin d’être encadrés et ont le droit légitime de participer à la vie de l’hôpital par le biais des représentants confrères dans les structures de réflexion et de gestion.
Depuis 30 ans, ces paramédicaux se sont regroupés dans des associations et ont prix en main leurs besoins en formation continue post universitaire pour être au diapason des nouvelles acquisitions scientifiques. Et pourtant, il existe un centre national de formation pédagogique des cadres de la santé, et l'obligation légale exige qu'il soit dirigé par un médecin alors que ce centre, depuis son démarrage, il s’est occupé parfaitement bien de la formation des infirmiers (élaboration de modules d’enseignements, formation pédagogique et administrative de quelques surveillants et il a assuré la formation de quelques promotions de professeurs paramédicaux y compris la formation du premier cycle (c’est ce qui est bizarre dans l’affaire, on parle d'un concours commun et d'une formation commune malgré des profils de postes spécifiques). Puis, ce centre à sombré dans une somnolence léthargique car à défaut de cadres formateurs, certaines sections ont été gelées. Quel bilan !
L’institut de formation continue du paramédical tant promis tarde à venir et tous les autres ministères ont pris de l’avance dans ce domaine. Nonchalance, manque de volonté et/ou de moyens ou de claire voyance... Peu importe, le résultat est là pour en témoigner.
A côté du centre national pédagogique, le Ministère de la santé dispose d’une unité de formation des cadres de la santé qui est chargée de la formation de base des paramédicaux dans les écoles étatiques et privées, et entre autres, de la projection des besoins, du contrôle des programmes de formation, de la validité des diplômes nationaux, du contrôle et du suivi de l’exécution des programmes, de l’élaboration de la carte géographique de répartition des paramédicaux etc. Cette unité manque de moyens humains et matériaux pour mener à bien, sa mission et ce, malgré la bonne volonté de ses responsables.
Par ailleurs, et partout dans le monde (pays développés et certains pays en voie de développement), ces filières taxées de paramédicales prennent de l’ampleur aussi bien dans les schémas de formation que de leurs implication dans le système de gestion. Il suffit de regarder ce qui se passe en France, au Liban, au canada et sous d’autres cieux …et bientôt au Maroc.
A quand la prise de conscience de l’importance de ce corps?... A quand la démocratisation de notre système de santé en Tunisie?... A quand le partage des postes de responsabilité?.. ces paramédicaux sont devenus principaux et majors et rien n’a changé dans leurs carrières professionnelles. Pourquoi on continue à sous estimer ce corps ?... La Tunisie est riche par ses fils. Il faut qu’on leur donne l’occasion de faire exploser leurs dons.
L’Unité de Formation des Cadres de la Santé doit défendre les Paramédicaux. Qu’elle forme par la présentation des projets d’ouverture des horizons basés sur un cursus de formation que peut suivre les ambitieux de cette catégorie professionnelle selon des critères à définir. ! ...
Espérons que cette réflexion trouve de l’écoute aux près de nos décideurs et de nos chers confrères les médecins de la nouvelle génération. Et à bon entendeur pour conclure en revenant au dicton de l'armée; à l'armée les possibilités de promotions existent ; un soldat et/ou un sous-officier peut monter les échelons par une formation et peut devenir responsable. Ce qui n'est pas le cas pour les paramédicaux en Tunisie.
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